Madame la Présidente de la Commission de l’Union européenne,
Monsieur le Vice-président de la Commission de l’UA,
Mesdames et Messieurs les Commissaires,
Mesdames et Messieurs,

Chère Ursula, c’est un honneur pour nous de vous recevoir une fois de plus dans l’enceinte de l’Union africaine. Vous nous avez déjà fait le privilège de nous réserver votre toute première sortie officielle hors de Bruxelles. Vous nous revenez aujourd’hui à la tête d’une importante délégation pour cette 10ème réunion de Collège à Collège, la toute première pour nos deux équipes ici. Tout ceci illustre l’importance accordée à notre partenariat. Nous nous en réjouissons et vous souhaitons une cordiale et chaleureuse bienvenue au siège de la Commission.

Mesdames et Messieurs,
Nous nous réunissons en tant que partenaires pour affronter les nouveaux défis mondiaux et trouver des solutions innovantes pour notre sécurité collective et le progrès de nos peuples. Aussi, l’intérêt que nous accordons à notre partenariat devrait se traduire concrètement dans l’examen d’un certain nombre de sujets autour desquelles nous allons réfléchir ensemble toute cette journée et qui constitueront les axes de notre coopération. Il y a entre autres les questions de :

1- Démocratie, de la Justice et des droits de l’homme.
Nous convenons tous que le système démocratique, de la justice et le respect des droits humains élémentaires, sont les fondements de toute société humaine et que rien ne peut justifier leur remise en cause.

L’Afrique a fait des efforts remarquables dans ces domaines, même si toutes sortes de contraintes politiques et sociales freinent parfois cette évolution.

L’Union africaine se réjouit de l’appui important que l’UE accorde à ces valeurs indispensables à l’instauration d’un Etat de droit.

- Sur la paix, la sécurité

C’est un peu le boulet attaché au pied de l’Afrique et qui l’empêche d’avancer, surtout ces dernières années, avec l’apparition du terrorisme, de la criminalité transfrontalière, les trafics de tout genre, des violences xénophobes, les replis identitaires et la monté du communautarisme. Ces phénomènes ont réorienté les priorités des dirigeants africains qui consacrent d’énormes ressources et d’énergie pour les combattre. L’UE est ses Etats membres ont été les plus grands investisseurs dans les programmes de paix en Afrique, avec plus de 3 milliards d’Euro investi jusqu’à présent

C’est l’occasion de saluer ce soutien souvent décisif de l’UE dans la lutte que mènent les Etats tant sur le plan bilatéral que multilatéral. Cette question de la sécurité est pour nous d’une importance telle que nous en avons fait le thème de l’année 2020 avec le slogan « Faire taire les armes ».

- Au sujet de l’Environnement et du changement climatique

Une partie des difficultés auxquelles l’Afrique est confrontée vient aussi des effets du changement climatique dont l’impact sur le développement et l’équilibre social, est évident. La rareté des ressources induites par ces phénomènes est source de conflits récurrents, d’exodes et de migration. La résolution de ces questions exige un examen concerté et non des solutions partielles, bilatérales.

- Les questions commerciales, industrielles et les infrastructures

L’Afrique vient de se doter d’une Zone de libre-échange continentale qui se veut un des plus grands marchés au monde et l’économie de l’Afrique dépend en grande partie des avantages qu’elle peut tirer de cette Zone.

L’intégration régionale nécessite non seulement des politiques commerciales, mais également un environnement propice à l’investissement, à l’industrialisation, à une connectivité solide d’infrastructures, ainsi que des nouvelles technologies qui répondent aux besoins des futurs marchés africains.

L’UE est le plus grand partenaire commercial de l’Afrique. Cela s’explique par notre proximité, nos liens historiques et notre avantage comparatif.

L’Union africaine et ses Etats membres souhaitent sincèrement renforcer ces liens commerciaux et d’investissement de manière à attirer des investissements responsables, à créer de la valeur, des compétences et des emplois sur les deux continents.

- La question des femmes et des jeunes

Cette question est au centre de nos préoccupations. L’Afrique consacre à ces deux entités de multiples projets et programmes, au regard de leur potentiel pour le développement.

La Commission de l’UA fait de la centralité de l’investissement dans la jeunesse et les femmes, comme convenu à Abidjan, un des piliers pour la réalisation de l’Agenda 2063. En appui à l’autonomisation des femmes, l’Union africaine a décidé de consacrer la décennie 2021 2031, à l’inclusion financière des femmes.

- Sur la migration

Nous avons fait des progrès significatifs dans notre dialogue sur la migration. L’Afrique a adopté un cadre politique commun et une position commune africaine sur la migration et la mobilité. Il est important que nous développions davantage notre coopération dans ce domaine, car la migration est un phénomène à 100 % transfrontalier qui ne peut être traité de manière bilatérale, sans planification continentale.

- Au sujet du Multilatéralisme

L’Afrique observe une certaine inquiétude, somme toute légitime, face à l’affaiblissement du multilatéralisme dont l’une des conséquences est l’aggravation des conflits et l’absence de concertation face aux grandes crises qui menacent la planète : changement climatique, pauvreté, exclusion…..

L’UE est un bon exemple de multilatéralisme mais cette valeur doit être partagée par l’ensemble de la communauté internationale.

Conclusion

L’UA apprécie ce partenariat fécond et multiforme avec l’UE parce qu’il guidé par des valeurs et intérêts communs, fondé sur l’égalité et le respect. Certes, nous avons quelques divergences : Justice pénale internationale, orientation et identité sexuelle, peine de mort, centralité de l’Union Africaine dans certaines crises etc……..

Ces divergences sont normales, eu égard à nos diversités culturelles, sociologiques voire spirituelles. Seules la reconnaissance et l’acceptation de ces différences, le langage de la franchise nous permettront de lever les obstacles qui pourront entraver notre coopération.

Alors que vous prenez collectivement votre envol avec le début de votre mandat, nous, nous amorçons notre atterrissage avec la fin prochaine en 2021 du mandat de l’actuelle commission. Celle qui prendra le relais l’année prochaine sera issue de la réforme institutionnelle entamée en 2017.

Nous souhaiterions lui léguer une structure plus performante, mobilisée autour d’objectifs plus porteurs. Bien entendu, nos partenariats occuperont une place importante dans le nouveau dispositif, celui avec l’UE demeurera central.

Je vous remercie…