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Allocution du Président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat à la 10ème Session Extraordinaire de la Conférence de l'Union sur la zone Continentale de libre-échange

Allocution du Président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat à la 10ème Session Extraordinaire de la Conférence de l'Union sur la zone Continentale de libre-échange

mars 21, 2018

Excellence Président Paul Kagame, Président en exercice de l’Union africaine,
 
Excellences Messieurs les chefs d’Etat et de Gouvernement et autres chefs de délégation,
 
Représentants des Organes de l’Union, des Communautés économiques régionales, du secteur privé africain et de la société civile,
 
Représentants des pays et institutions partenaires,
 
Mesdames et Messieurs,
 
Ce jour est historique. 
 
Après Addis Abéba en mai 1963, Abuja en juin 1991 et Durban en juillet 2002, Kigali, en ce mois de mars, marque une nouvelle étape dans notre marche vers plus d’intégration, plus d’unité. 
 
Aussi voudrais-je exprimer ma haute et profonde appréciation à tous les chefs d’Etat et de Gouvernement, ainsi qu’aux autres chefs de délégation, ici présents.
 
En faisant le déplacement de Kigali, vous avez répondu à l’appel du devoir. En cette phase de notre histoire, il ne saurait y avoir, pour l’Afrique, de tâche plus pressante que l’approfondissement de l’intégration du continent.
 
Permettez aussi que j’exprime, en votre nom, nos remerciements à nos hôtes. Au Président Paul Kagame, qui dirige notre Union avec dynamisme et dévouement, à son Gouvernement et au peuple rwandais, je dis Murakoze! Nous vous sommes reconnaissants pour la chaleur de votre accueil et l’excellence des conditions d’organisation de nos assises. 
 
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
 
Nous sommes venus ici pour matérialiser l’aspiration de nos peuples à l’intégration et à l’unité.
 
Nous sommes venus ici pour poser un nouveau jalon, franchir un pas de plus dans la trajectoire panafricaine dont les germes intellectuelles furent semées au début du siècle dernier.
 
Nous sommes venus ici mus par la conviction que l’intégration n’est pas une option, mais un impératif.  Pour paraphraser l’Empereur Haile Selassie lors du Sommet de mai 1963, le géant qu’est l’Afrique ne peut se réveiller si le continent reste divisé. 
 
Le monde change, et change à grande vitesse. La compétition internationale est âpre. Elle ne laisse pas de place aux faibles.
 
Ces derniers mois ont démontré, s’il en était besoin, l’urgence qu’il y a à hâter le pas.
L’Europe s’emploie, malgré les défis inhérents à une telle entreprise, à approfondir son intégration. 
 
Dans la zone pacifique, une nouvelle entité - l’Accord de partenariat trans-pacifique, global et progressiste - vient de voir le jour.
 
La Chine a lancé une initiative majeure, dite de la Ceinture et de la Route. 
 
Pour l’Afrique, après des décennies d’indépendance, marquées par un sous-développement persistant et une place encore marginale dans le système international, les termes du débat se posent de manière quasi-manichéenne: s’unir ou périr, comme l’a scandé Kwame Nkrumah lors du Sommet fondateur d’Addis Abéba. 
 
L’intégration économique répond donc non seulement à une aspiration née du panafricanisme, mais aussi à un impératif pratique lié à la viabilité économique du continent. 
 
De fait, la tenue du présent Sommet extraordinaire a soulevé une forte attente à travers le continent. Nos peuples, nos hommes et femmes d’affaires et nos jeunes, en particulier, n’en peuvent plus d’attendre de voir levées les barrières qui morcellent le continent, entravent son décollage économique et perpétuent la misère, alors même que l’Afrique regorge de richesses.
 
Hors du continent, nos efforts sont observés avec un mélange d’admiration et de scepticisme. 
 
Admiration quant à la rapidité avec laquelle nos experts et Ministres du Commerce ont négocié les textes de base établissant la Zone de libre-échange. 
 
Scepticisme, parce que certains acteurs, mais aussi nos peuples, ont vu tant de proclamations restées lettre morte, tant d’engagements sans prolongement pratique qu’ils en sont venus à douter de la force notre engagement. 
 
Ce Sommet doit donc marquer une rupture. Il doit conforter la confiance de nos peuples en leur Union et en sa capacité à répondre à leurs aspirations. Il doit confondre ceux qui, hors d’Afrique, continuent, dans une condescendance à peine dissimulée, de penser que nos décisions n’ont pas vocation à entrer dans le monde du réel. 
 
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
 
La Zone de libre-échange est le produit d’un peu plus de deux ans de négociations, coordonnées par l’Egypte puis le Nigeria et sous les auspices d’ensemble du Président Mahamadou Issoufou du Niger.
 
C’est ici pour moi l’occasion de rendre hommage au Président Issoufou et aux Ministres africains du Commerce, ainsi qu’à nos Communautés économiques régionales, pour le dévouement avec lequel ils ont conduit ce processus. 
 
Je remercie aussi la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement et la Banque africaine de développement, pour leur soutien. 
 
Il est évident que dans un processus aussi complexe que celui-là, le compromis est un principe dont tout un chacun doit s’imprégner. 
 
Au-delà des débats sur ce que certains pays pourraient gagner ou perdre dans le court terme, la vérité, statistiquement établie, est que chacun de nos États membres et le continent dans son ensemble tireront un bénéfice immense de la mise en place de la Zone de libre-échange. 
 
Feu Ahmed Ben Bella avait, en mai 1963, exhorté ses pairs à mourir un peu, sinon totalement, pour la libération de l’Afrique. Aujourd’hui, nous devons tous être animés d’un esprit de sacrifice similaire pour l’intégration du continent. 
 
Le moment n’est plus aux hésitations. J’appelle donc tous les Etats membres à signer et à ratifier sans délai l’Accord sur la Zone de libre-échange. Notre ambition doit être d’assurer son entrée en vigueur avant la fin de cette année. 
 
Pour ma part, je me propose de désigner des émissaires pour mener, sous l’autorité du Président Issoufou et en coordination avec le secteur privé, le travail de sensibilisation nécessaire auprès de tous les acteurs concernés.
 
Excellences,
Mesdames et Messieurs, 
 
Je voudrais saisir cette opportunité pour rappeler l’importance d’autres aspects de l’entreprise d’intégration du continent. 
 
En plus de l’Accord sur la Zone de libre-échange, la Commission soumet à votre attention le Protocole sur la libre circulation des personnes et le passeport africain.  J’exhorte les Etats membres à signer cet instrument. Nous devons faire en sorte que les Africains cessent d’être traités comme des étrangers sur leur propre continent, alors que d’autres y circulent parfois librement. 
 
Un autre volet de notre agenda porte sur le Marché unique pour le transport aérien en Afrique. J’appelle solennellement les Etats qui ne l’ont pas encore fait à se joindre à cette initiative. 
 
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
 
L’Afrique a aujourd’hui l’opportunité de transformer son potentiel en réalité et de traduire dans les faits les aspirations contenues dans l’Agenda 2063. Cette opportunité doit être saisie. 

A la vérité, il s’agit d’un privilège pour vous, pour nous tous, de poser cet important jalon sur la voie de l’intégration du continent.  
 
En ce jour, dans leur sommeil éternel, les Pères fondateurs de notre Union nous invitent, que dis-je, nous conjurent de faire de ce Sommet un succès retentissant. 
 
En mai 1963, dans un contexte bien moins favorable, ils ont fait l’histoire en jetant les bases du panafricanisme institutionnel dont l’Union africaine est la fière héritière. Nous ne pouvons faire moins qu’eux.
 
Permettez-moi de conclure en empruntant quelques mots du discours prononcé par Kwame Nkrumah devant l'Assemblée nationale ghanéenne, en juin 1965 :
 
« La tâche à venir est grande en effet, et lourde est la responsabilité qui nous incombe; et pourtant c'est un défi noble et glorieux - un défi qui demande le courage de croire, le courage d'oser, le courage d’agir, le courage de se battre, le courage d’atteindre aux plus hautes qualités de l’homme, de réaliser la plénitude de sa grandeur. Oserions-nous demander plus dans la vie ».
 
Cette adresse a une résonance particulière au moment où nous sommes réunis ici à Kigali. Nous devons mobiliser la volonté politique nécessaire pour que la Zone de libre-échange devienne enfin une réalité.
 
Je vous remercie. 

Ressources

février 10, 2022

Agenda 2063 is Africa’s development blueprint to achieve inclusive and sustainable socio-economic development over a 50-year period.

novembre 06, 2024

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