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Discours de S.E. Minata Samate Cessouma, Commissaire aux Affaires Politiques, lors de l'ouverture du 4ème Forum Continental annuel des Organes de Gestion des Elections (OGE)

Discours de S.E. Minata Samate Cessouma, Commissaire aux Affaires Politiques, lors de l'ouverture du 4ème Forum Continental annuel des Organes de Gestion des Elections (OGE)

November 09, 2017

QUATRIÈME FORUM CONTINENTAL ANNUEL DES ORGANES DE GESTION DES ÉLECTIONS (OGE)

Kigali, Rwanda 9-10 novembre 2017

Thème : « TIRER PLEINEMENT PROFIT DU DIVIDENDE DEMOGRAPHIQUE EN ENCOURAGEANT LA PARTICIPATION EFFECTIVE DE LA JEUNESSE DANS LES PROCESSUS ÉLECTORAUX EN AFRIQUE »

DISCOURS DE SON EXCELLENCE MADAME Minata SAMATE CESSOUMA
COMMISSAIRE AUX AFFAIRES POLITIQUES
lors de l’ouverture du Forum

Kigali, 09 novembre 2017

Monsieur Cyriaque Harelimana, Ministre d’Etat en charge du développement socio-économique au Ministère du Gouvernement local de la République du Rwanda ;

Monsieur le Président de l’Assemblée Générale de l’Association Africaine des Autorités Electorales ;

Professeur Kalisa Mbanda, Président de la Commission Nationale Electorale de la République du Rwanda ;

Monsieur Yong Hi Kim Secrétaire Général de l'Association Mondiale des organes électoraux (A-Web) ;

Mesdames et Messieurs les Présidentes et Présidents des Organes de Gestion des Elections en Afrique ;

Chers Experts électoraux et participants ;

Distingués invités,

Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui dans cette belle et paisible capitale de la République du Rwanda, située au cœur des mille collines, dans le cadre du quatrième forum continental annuel des organes de gestion des élections en Afrique. Je remercie le Gouvernement et le peuple rwandais pour l’accueil fraternel qui nous a été réservé depuis notre arrivée à Kigali.

Mesdames et Messieurs les Présidentes et Présidents des Organes de Gestion des Elections en Afrique;

Le quatrième forum continental annuel des organes de gestions des élections se tient au lendemain de l’Assemblée générale de l’Association Africaine des Autorités Electorales (AAAE) qui s’est déroulée hier en prélude à notre rencontre de ce jour. Vous me permettrez de vous féliciter pour l’organisation réussie de cet événement. Un tel succès n’aurait été possible sans votre engagement en vue de l’atteinte des objectifs de l’AAAE. Vous me permettrez également de féliciter les membres nouvellement élus du bureau de l’AAAE et particulièrement l’élection du Rwanda a la présidence de l’Assemblée générale et le Ghana au Conseil Exécutif. Il est important que cette association, redynamisée en 2016, en marge du 3ème forum continental des organes de gestions des élections, puisse absolument relever les défis qui sont les siens. Il s’agit notamment du renforcement de la gestion efficace des processus électoraux, de l’approfondissement de la démocratie sur le continent et l’amélioration des relations entre les Organisations de Gestion des Elections et le partage de bonnes pratiques.

Je puis vous assurer de l'engagement de la Commission de l’Union africaine et plus particulièrement du Département des affaires politiques à travailler avec l'AAAE pour renforcer les processus démocratiques sur le continent.

Distingués participants, Mesdames et Messieurs ;

L’investissement dans la jeunesse est l’une des plus grandes opportunités de l’Afrique. Cet investissement devrait jouer un rôle déterminant dans le développement du continent au cours des 50 prochaines années. Notre jeunesse devra réaliser la vision de « l’Afrique que nous voulons », une Afrique qui agit en tant qu’acteur et partenaire influent sur la scène internationale tel que préconisé dans l’Agenda 2063.

C’est en reconnaissance de l’important rôle que devrait jouer nos jeunes dans le développement socio-économique du continent que les Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union africaine ont décidé de mettre les jeunes au cœur de leurs actions en leur consacrant le thème de l’année 2017 : « Tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse ».

La participation de la jeunesse aux processus électoraux et de gouvernance a été énoncée dans nombre d’instruments consacrant les valeurs partagées qui ont été adoptées par l’Union africaine au fil des ans. Ce sont entre autres, de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples adoptée en 1981, de la Déclaration de l’OUA/UA sur les principes régissant les élections démocratiques en Afrique adoptée en 2002, du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) de 2003, de la Charte africaine de la jeunesse de 2006 ainsi que notre document primordial, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance adoptée en 2007 et en vigueur depuis le 12 février 2012.

Ces instruments que je viens d’énumérer, énoncent en général les droits, les libertés et les devoirs de la jeunesse et fournissent l’orientation sur la manière dont cette jeunesse doit réaliser son potentiel à tous les niveaux, y compris dans les processus électoraux et politiques. Outre ces instruments, l’Agenda 2063 de l’Union africaine souligne l’engagement des leaders africains à léguer un continent uni, pacifique et gouverné de manière démocratique aux générations futures. Plus précisément, l’aspiration numéro 3 plaide en faveur d’une Afrique où règnent la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’Homme, la justice et l’État de droit, tandis que l’aspiration numéro 6 préconise une Afrique où le développement est axé sur les populations, tout en s’appuyant sur le potentiel des Africains, particulièrement les femmes et la jeunesse. En un mot, ces aspirations plaident pour une Afrique qui prend soin de ses enfants.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs,

Le continent africain possède la population la plus jeune du monde avec des estimations actuelles qui indiquent que 65 pour cent des 1,2 milliard de sa population sont âgés de moins de 35 ans, et plus de 35 pour cent des jeunes ont en moyenne entre 15 et 35 ans. À l’horizon 2020, on estime que 3 Africains sur 4 auront en moyenne 20 ans.

À la lumière de ces statistiques, il est clair que la majorité des personnes qui participeront aux processus politiques et électoraux sur le continent appartiendront très probablement à cette catégorie de jeunes.

Mesdames et Messieurs ;

Des élections sont régulièrement organisées en Afrique plus que dans n’importe quelle autre partie du monde. Ces élections offrent incontestablement d’importantes opportunités à la jeunesse africaine afin qu’elle pèse de son poids sur les orientations des processus de gouvernance. Pourtant, à l’exception de quelques pays, la participation des jeunes au processus démocratique se résume au vote lors des élections. Et même dans ce cas, la participation de la jeunesse aux processus politiques est nettement inférieure à celle des personnes âgées.

Il y a lieu également de souligner que le rôle et l’importance des jeunes dans les processus électoraux en Afrique font l’objet d’une perception à la fois mitigée et dualiste. Elle est perçue soit comme une source d’instabilité politique et sociale, ou soit comme « un dividende démographique » portant les espoirs pour la future croissance et le développement du continent.

Il en résulte que la jeunesse africaine, tout comme les femmes, sont victimes de marginalisation dans les processus démocratiques. Dans nombre de pays africains, les initiatives en vue d’associer la jeunesse à la gestion de la chose publique se limitent à l’éducation civique, les votes et l’observation directe d’élections. Si la plupart des partis politiques en Afrique se rivalisent de stratégies pour tirer parti du dividende de la jeunesse en la mobilisant dans le cadre des votes, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils accordent relativement moins d’attention à la promotion de la candidature des jeunes aux différents postes électifs.

Des obstacles divers parmi lesquels, les lois électorales nationales restrictives et les politiques d’exclusion des partis politiques, qui, le plus souvent, fixent des limites d’âge et des frais prohibitifs, qui ne sont pas à la portée des jeunes, les empêchent ainsi de se porter candidats à des postes électifs. Ces obstacles les rendent plus vulnérables à une éventuelle mobilisation en période de conflit, particulièrement la violence et les conflits liés aux élections dans plusieurs pays africains.

Mesdames et Messieurs ;

Les moyens d’optimiser la participation de la jeunesse au processus électoral n’ont donc pas été explorés de façon optimale. Les initiatives courantes en faveur des jeunes dans les processus électoraux continuent de se heurter à des difficultés, en raison de la conception apparente selon laquelle la jeunesse est un groupe social homogène. Elle est plutôt hétérogène et requiert l’élaboration d’approches adaptées et dynamiques pour encourager sa participation aux processus électoraux. Nos politiques et stratégies doivent évoluer dans le temps et dans l’espace, et tenir compte de la diversité, d’opportunités économiques, de position géographique, d’accès aux nouvelles technologies, de sexe, de religion, du niveau d’instruction, etc.

Il est indispensable d’habiliter les jeunes non seulement à voter pour leurs partis et candidats préférés, à être eux-mêmes candidats mais également à demander que les gouvernements qu’ils ont librement choisis rendent des comptes. Dans nombre de nos pays, la reddition de comptes reste l’un des défis majeurs à la bonne gouvernance. Une telle pratique n’est pas suffisamment ancrée dans la culture démocratique sur le continent. Ma conviction est que si nous renforçons les capacités des jeunes à participer aux processus de prise de décisions, ils contribueraient à relever certains défis politiques liés à l’exercice de la gouvernance politique et économique en Afrique.

Mesdames et Messieurs les Présidentes et Présidents des Organes de Gestion des Elections en Afrique ;

Nous devons repenser la place de la jeunesse dans les processus électoraux et les institutions démocratiques, à renforcer leurs capacités afin de faire de ce vivier de demain une force politique qui compte.

C’est en cela que le présent Forum annuel des organes de gestion des élections est fort opportun. Il sera l’occasion pour tous les participants de faire le point, d’échanger des expériences, de tirer des enseignements et d’évaluer les meilleures pratiques en matière de promotion d’une politique inclusive et de participation effective de la jeunesse africaine aux processus électoraux.

Avant de terminer mon propos, je voudrais, au nom du Président de la Commission de l’Union africaine SEM Moussa Faki Mahamat et en mon nom personnel, exprimer ma gratitude au Gouvernement et au peuple rwandais pour avoir accepté d’abriter ce Forum, pour l’assistance et pour l’appui qui nous ont été apporté dans la préparation de cet important forum. Je salue particulièrement la Commission Nationale Electorale rwandaise dont le soutien et les dispositions idoines prises pour le succès de la présente rencontre est le témoignage de l’engagement de la République du Rwanda pour l’émergence et de l’enracinement de la démocratie en Afrique.

A vous les participants, je voudrais vous remercier pour votre participation à ce Forum. Vous êtes les véhicules de la consolidation démocratique sur le continent africain.

Je vous remercie pour votre aimable attention et souhaite plein de succès à vos travaux.

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