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Discours Inaugural du Président de la Comission de l'Union Africaine à la 3ème Biennale de Luanda: Forum Panafricain pour la Culture et la Paix

Discours Inaugural du Président de la Comission de l'Union Africaine à la 3ème Biennale de Luanda: Forum Panafricain pour la Culture et la Paix

November 23, 2023

Excellence Joao Lourenço, Président de la République d’Angola

Excellences, Mesdames et Messieurs les chefs d’Etat de gouvernement et des délégations,

Excellence Madame et Messieurs les anciens chefs dEtat

Monsieur le Directeur général adjoint de l’UNESCO Mesdames et Messieurs les Ministres

Mesdames et Messieurs les Commissaires de l’Union africaine

Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile, des organisations de jeunes et de femmes

Distingués invités

Mesdames et Messieurs

Après une pause statutaire de deux ans, nous voici de nouveau réunis dans la flamboyante ville de Luanda où le président Joao Lourenço, son gouvernement et tout le peuple frère angolais nous accueillent dans la fraternelle ferveur des retrouvailles à l’occasion de la tenue de la troisième Biennale dont le déroulement va s’étendre sur les trois prochains jours.

Je voudrais saluer l’inébranlable engagement du Président Lourenço pour la consistance qu’il n’a cessé de donner à l’organisation de cet important événement qui, tous les deux ans, nous invite à réfléchir aux modalités théoriques et pratiques de la construction d’une paix durable aux niveaux national, régional et continental.

Cette Biennale tire, comme tout le monde le sait, sa légitimité institutionnelle d’une décision des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine adoptée au cours de sa 24ème session ordinaire tenue en 2015.

L’actuelle session, la troisième, s’organise autour d’une thématique aussi large que profonde : « Education, culture de la paix et citoyenneté africaine comme instruments du développement durable du continent ». Tout un programme!

Excellences

Mesdames et Messieurs

Avant de vous livrer, en quelques mots, ma compréhension de cette thématique, vous me permettrez d’évoquer ici le titanesque travail de recherche et de rédaction accompli par l’UNESCO à travers l’élaboration, il y a déjà quelques décennies, de « L’Histoire générale de l’Afrique », articulé en huit tomes.

Tous les concepts contenus dans la thématique de notre réunion  d’aujourd’hui: éducation, culture, paix, citoyenneté et développement, ne peuvent être appréhendés dans leur signification profonde que s’ils sont référés à leur ancrage historique africain, car ils sont déterminés, pour l’essentiel, par des facteurs endogènes   structurants. La maîtrise de notre passé, la compréhension de notre patrimoine culturel, loin de nous réduire à un enfermement identitaire marqué au sceau du particularisme, facilite plutôt l’ouverture à un horizon projeté à partir du contenu pensé et maîtrisé de nos aspirations.

Je voudrais donc saluer avec toute la force de la gratitude dont l’Afrique est coutumière l’UNESCO, à travers Madame Audrey Azoulay, directrice générale et toute son équipe pour leur collaboration jamais démentie aux côtés de l’Union africaine et du gouvernement de l’Angola depuis le lancement de la session inaugurale de la Biennale de Luanda.

Excellences

Mesdames et Messieurs

L’Union africaine, depuis sa création, a poursuivi sans relâche un travail de production normative dans le domaine de la paix, de la sécurité et de la gouvernance démocratique, cristallisé dans un ordonnancement riche et fécond.

Au-delà des normes, des programmes ont été mis en place, à l’instar du projet phare « Faire taire les armes » dont l’échéance initiale fixée alors en 2020 lors de son lancement en 2013, a été reportée à 2030, afin de lui donner un second souffle.

Les avancées enregistrées en matière de paix figurent au palmarès de nos efforts conjoints pour la paix.

Dans cette veine, nous avons mis en œuvre deux mécanismes officiels qui sont venus renforcer nos efforts de paix dans les grands lacs.

Le président Lourenco conduit une médiation africaine entre les deux républiques sœurs la RDC et le Rwanda.

Un mécanisme politique est développé   avec le Soutien de l’UA, par la CEA afin de favoriser un règlement pacifique entre le gouvernement et la rébellion à l’Est du Congo. C’est le processus dit de Nairobi. La SADEC vient également en appui de ces initiatives.

Il y a juste un an, un accord de cessation des hostilités a été signé entre le gouvernement éthiopien et le Front Populaire de libération du Tigré, à Pretoria en Afrique du Sud, sous les auspices de l’UA. 

(Permettez moi de remercier une fois de plus les présidents Obasanjo, Uhuru Kenyatta, et ma sœur la vice présidente Phumzile Ngcuka-Mlambo pour l’excellent travail accompli sur le dossier éthiopien. Je voudrais également reconnaître la presence parmi nous aujourd’hui des anciens chefs dEtat Chissano, Monthlanthe et Joyce Banda qui accompagnent l’Union africaine dans différents dossiers de médiation.)

 Nous avions alors fait le pari de nous maintenir sur cette trajectoire de règlement des conflits par la voie pacifique de négociations à travers la médiation.

Il y a moins de trois mois, nous avons installés, après d’inlassables efforts à Brazzaville. Sous le haut patronage du président Denis Sassou Nguesso, la commission libyenne préparatoire de la Conférence de Réconciliation Nationale   dans ce pays qui a tant souffert de ses déchirures.

Nous nous employons avec détermination en concert avec l’Igad et d’autres partenaires régionaux et internationaux à faire cesser les hostilités au Soudan et à engager tous les acteurs dans un processus politique inclusif pour remettre sur les rails la transition démocratique perturbée.

Nos efforts se poursuivent en concertation avec la CEDEAO et la CEEAC pour les meilleures réponses aux   changements anticonstitutionnels de gouvernement, l’intensification des incursions et attaques terroristes et par l’instabilité politique dans certains de nos Etats membres.

Ce tableau sécuritaire, aujourd’hui de moins en moins reluisant, devrait nous interroger et nous amener à requestionner aussi bien l’efficacité de nos dispositifs juridiques et opérationnels que les actions que nous posons au titre de notre contribution individuelle et collective à la paix. Avons-nous suffisamment pris en compte l’éducation comme déterminant et comme moyen terme entre la paix et le développement ?  Avons-nous cherché réellement nos voies propres ou sommes-nous laissés guidés par le mimétisme ?

Avons- nous réussi à forger l’architecture de paix adaptée à nos sociétés et aux transformations qui s’y déroulent ?

Avons- nous eu suffisamment de voix dans nos interactions avec nos partenaires déployés en Afrique ? Le questionnement est sans limites, surtout que le contexte international est marqué par les menaces sérieuses à la paix. Le multilatéralisme est en berne. Le conseil de sécurité des Nations unies est bloqué. Le droit international et le droit international humanitaire sont violées comme c’est le cas à Gaza. Une nouvelle guerre froide pointe le nez. Une reconfiguration de l’ordre international est inéluctable. L’Afrique doit se préparer pour occuper toute sa place. D’ailleurs, je me rends demain en Guinée  Équatoriale pour prendre part a une réunion du Comité de Dix(C10) de L’Union africaine sur la reforme du conseil de sécurité des Nations unies.

Excellences

Mesdames et Messieurs

Le savoir est la cle de l’émancipation humaine, d’où l’importance de l’éducation pour la paix et le progrès.

Le terrorisme et l’extrémisme violent dont l’Afrique est malheureusement devenu un des repaires prolifèrent dans les ténèbres.

Au fronton d’un ouvrage sur la paix figurait la phrase suivante : « La guerre naît dans l’esprit des hommes et c’est là qu’il faut la combattre ». Ce combat est mené à travers l’Education, une éducation holistique qui décline en une totalité parfaitement cohérente les savoirs scolaires et académiques, la maîtrise de nos valeurs, de nos langues nationales, de notre façon de régler les différends, l’histoire de notre continent, les outils technologiques, les différentes habilités professionnelles et l’ouverture aux dimensions pertinentes de la modernité.

Nelson Mandela avait tracé le cadre d’une telle éducation quand il disait et je cite : « le pouvoir de l’éducation va bien au-delà du développement des aptitudes dont nous avons besoin pour le succès économique.

Il peut également contribuer à la construction nationale et à la réconciliation » fin de citation.

L’Afrique qui est confronté au défi sécuritaire, au terrorisme et à l’extrémisme violent doit puiser dans ses valeurs pour y faire face. L’éducation est le moyen le plus sûr a cet effet. C’est n’est pas un hasard si Boko Haram et El Shabaab s’opposent à l’école. Ces organisations terroristes obscurantistes savent que le rempart contre leurs idéologies est l’éducation.

L’Union africaine a élaboré une stratégie de l’Education 2016-2025 qui répond à l’ampleur de tels objectifs. L’enjeu portant sur sa mise en œuvre est resté conditionné par la volonté politique de nos Etats membres et par la mobilisation des ressources financières conséquentes. Je forme le vœu ardent que ces préoccupations soient prises en charge par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement qui a décidé de consacrer le thème de l’Année 2024 à la problématique de l’Education.

C’est toujours de l’Education que va découler l’acquisition des valeurs de citoyenneté entendue comme transcendance des allégeances exclusives aux communautés primaires au profit des ensembles sociaux beaucoup plus larges que sont la nation et le continent.

C’est au bout d’un travail de refondation de l’éducation qu’une paix pourra être construite comme facteur essentiel du développement, un développement durable parce que fondé sur de solides acquis culturels et technologiques.

Nos efforts doivent s’orienter dans cette direction malgré les persistantes contradictions de la gouvernance mondiale dont l’ordre injuste continue de générer en Afrique la pauvreté résultant des effets des ajustements structurels, de l’économie de rente et du fardeau d’une dette toujours plus élevée.

La paix globale dépend de la paix en Afrique. La mondialisation c’est d’abord et avant tout cette interdépendance.

Dans les jeux multiples et complexes de celle- ci la chance de l’Afrique est entre les mains de ses peuples, dans leur unité, dans leur solidarité, dans leur volonté déterminée de compter d’abord et avant tout sur eux- mêmes, Puisse la troisième session de la Biennale rendre audible cette voix à partir d’ici, de Luanda ville symbole de lutte et d’acquisition de la paix par mille et un sacrifices. L’Angola a connu la guerre, dont elle connaît le prix. L’Angola a construit la paix dont elle connaît les dividendes. C’est n’est donc pas un hasard si le président Lourenco a été désigné champion pour la paix et la réconciliation. Vous pouvez compter, Monsieur le président et cher Frère, sur le soutien constant de la Commission de l’Union africaine et du mien propre.

Je vous remercie de votre attention

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