Monsieur Smail Chergui, Commissaire Paix et sécurité de l’Union africaine ;

Monsieur l’Ambassadeur du Royaume du Lesotho, Président du Conseil der paisx et de sécurité de l’Union Africaine pour le mois de Mai 2020 ;

Mme Hanna TETTEH, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU auprès de l’Union africaine (UA) et Chef du Bureau des Nations Unies ;

Distingués panélistes;

Mesdames et Messieurs, tout protocole dûment observé.

C’est un honneur pour moi de prendre part à la commémoration de la Journée de l'Afrique ce 25 mai 2020, qui se déroule cette année dans des conditions particulièrement difficiles pour l’humanité entière en raison du corona virus. Cette pandémie n’épargne malheureusement pas le continent africain.

Pendant des siècles, l’Afrique a énormément souffert de l’esclavage et du colonialisme, toutes choses qui ont contribué au sous-développement de l’Afrique.
Je salue la mémoire de nos héros africains qui ont mené des luttes pour libérer notre continent du joug colonial. Le ciment de cette lutte a été le panafricanisme et la quête de l'unité africaine, matérialisée par la création le 25 mai 1963, de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à Addis-Abeba. Il s’agissait d’obtenir la libération totale du continent du colonialisme, d’enraciner les idéaux du panafricanisme, de l'unité et l'intégration continentale de l'Afrique.

L’OUA devenue Union Africaine avec l'adoption de son Acte constitutif en 2000 et son lancement en 2002, vous conviendrez avec moi que le 25 mai de chaque année est une journée des plus importantes pour nous africains.

En 2013, le continent a commémoré le jubilé d'or de l'OUA / UA sous le thème du panafricanisme et de la renaissance africaine. A cette occasion les dirigeants africains, tout en réaffirmant leur détermination à « bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, tirée par ses citoyens et constituant une force dynamique sur la scène mondiale », ont adopté la Déclaration solennelle du cinquantenaire couvrant huit (8) domaines prioritaires que sont :

• L’identité africaine et la renaissance ;
• la lutte contre le colonialisme et le droit à l’autodétermination ;
• L’Intégration continentale ;
• Le développement économique et social ;
• La Paix et la sécurité ;
• La gouvernance démocratique ;
• La détermination de l’Afrique à prendre en main sa propre destinée ; et
• La place de l’Afrique sur la scène mondiale.

Par la même occasion, ils se sont engagés à ne pas léguer le fardeau des conflits à la prochaine génération d'Africains et à mettre fin à toutes les guerres en Afrique d'ici 2020.

Nous sommes en 2020 et force est de constater que notre continent est toujours en proie à différents types de conflits. C’est en cela que je salue la célébration de cette année qui porte sur le thème « Faire taire les armes : créer des conditions propices au développement de l’Afrique ».

Mesdames et Messieurs ;

Notre agenda est en phase avec l'Agenda 2030 des Nations Unies dont l’Objectif de Développement durable N° 16 vise à « Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, d’assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous ».

Comment pouvons-nous alors faire taire les armes sur le continent ? Faire taire les armes consiste à prévenir, gérer et résoudre les conflits. Dans ce sens, l'Agenda 2063 met un accent sur ce thème et la feuille de route du thème de 2020 est claire sur cette question. Toutefois je souhaite insister sur quelques points :

1- Une stratégie durable pour faire taire les armes doit s'attaquer directement aux causes structurelles profondes des conflits violents en Afrique, dont :
(a) le déficit de développement,
(b) le déficit de gouvernance,
(c) le déficit de paix et
(d) les changements climatiques.

Ces défis socio-politiques et économiques sont sources de déplacement forcé en Afrique et continuent de menacer la paix, la sécurité et la transformation qualitative structurelle de notre continent.

2- ». Faire taire les armes pour une stabilité socio-économique et politique dépend dans une large mesure, de la qualité de ses institutions publiques et des services délivrés par elles. L'aspiration 3 envisage « Une Afrique de la bonne gouvernance, de la démocratie, du respect des droits de l’homme, de la justice et de l'État de droit ». Absolument aucun effort ne doit être ménagé par les États membres de l'UA pour ratifier, domestiquer et mettre en œuvre effectivement la Charte africaine de 2007 de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
L'aspiration 4 de l'Agenda 2063 envisage «une Afrique pacifique et sûre». Il est important que les États membres de l'UA mettent effectivement en œuvre les dispositions du Protocole de 2002 relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine

3- Faire taire les armes sur le continent suppose un leadership guidé par une gouvernance responsable, équitable, inclusive, transparente dans la gestion des ressources des pays, participative et axée sur le consensus en ne perdant pas de vue les questions de justice, le respect des droits de l'homme et de l'État de droit.

4- Aujourd’hui, la pandémie du COVID 19 nous amène à tirer des leçons, parce que représentant un défi multisectoriel pour les États africains. Le Corona virus nous oblige à une bonne gouvernance, indispensable à la cohésion sociale, à la paix, à la stabilité, à la sécurité et au développement de notre continent.

5-L’inclusion des femmes et des jeunes dans tous les processus et dans toutes les sphères de la société.

6- L'Architecture de paix et de sécurité en Afrique (APSA) et celle de la Gouvernance Africaine (AGA), sont complémentaires et se renforcent mutuellement pour nous permettre de nous attaquer aux causes profondes des conflits. Il est donc impératif que ces deux instruments soient mis en synergie, la bonne gouvernance et la paix étant des conditions préalables au développement socio-économique.
Il importe que nous travaillions tous sans exclusive, à « débarrasser le continent des guerres, des troubles civils, des violations des droits de l’homme, des catastrophes humanitaires, des violents conflits, et à prévenir le génocide ». Je suis convaincue que cet objectif de Faire taire les armes est à notre portée !

Je vous remercie pour votre aimable attention.