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Discours de S.E. Moussa Faki Mahamat Président de la Commission de l'Union africaine à l'occasion de la 42ème session ordinaire du Conseil exécutif

Discours de S.E. Moussa Faki Mahamat Président de la Commission de l'Union africaine à l'occasion de la 42ème session ordinaire du Conseil exécutif

February 15, 2023

Madame la Présidente du Conseil exécutif,

Mesdames et Messieurs les ministres, membres du Conseil exécutif,

Madame la vice-présidente de la Commission de l’Union africaine,

Mesdames et Messieurs les Commissaires,

Monsieur le Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique,

Mesdames et Messieurs les chefs des Missions diplomatiques,

Mesdames et Messieurs les Secrétaires généraux/exécutifs des Communautés économiques régionales et des Mécanismes régionaux,

Mesdames et Messieurs,

Un drame terrible s’est abattu sur la Turquie et la Syrie avec le tremblement de terre du 6 Février dernier, faisant plus de 40.000 morts, des centaines de milliers de blessés et de sans-abris. Nous avons tous compati individuellement avec ces deux pays. Je voudrais saisir l’occasion de nos retrouvailles pour exprimer notre compassion et notre solidarité collectives avec les Gouvernements et les peuples de ces deux pays frères et leur dire que nous sommes également - autant qu’eux -, durement affectés par cette tragédie.

L’Afrique toute entière s’incline devant la mémoire des disparus et partage la douleur des blessés et des familles éplorées.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Je me réjouis de vous retrouver à l’occasion de la tenue de la 42ème session ordinaire de votre Conseil au cours duquel vous examinerez le bilan des activités menées par les différents organes de l’Union durant l’année écoulée. Ces activités, comme tout le monde le sait, se sont déroulées dans un contexte marqué par le prolongement des difficultés apparues aux plans sanitaire, économique et de la paix dans le monde. 

De telles difficultés ont contribué aux mutations de la géopolitique mondiale dans le sens de plus d’incertitudes, de remodelages, de structurations et de déstructurations des configurations internationales. L’inquiétante progression du terrorisme, le retour des changements non constitutionnels de gouvernement, une croissance en repli, des conditions climatiques en constante détérioration ternissent le temps africain actuel, en dépit d’immenses potentiels qui ne cessent d’attiser les convoitises et nourrissent les rivalités endogènes et exogènes.

Malgré ce contexte peu favorable, l’Afrique montre de remarquables signes de résilience et l’Union africaine, dans ses différentes composantes, a maintenu sa dynamique opérationnelle de mise en œuvre des programmes et décisions. A ce titre, une vue panoramique et analytique de ces activités est offerte dans le rapport de la 45ème session ordinaire du Comité des représentants permanents et dans le rapport annuel des activités de l’Union et de ses organes.

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs,

La prise en compte des impacts conjugués des différentes crises qui ont récemment secoué le monde entier a déterminé l’Union africaine à accorder la primauté aux questions de santé et de nutrition. Tout en atténuant les effets induits par l’urgence de subvenir aux besoins des populations, l’Union s’est inscrite dans la recherche des solutions de long terme visant à mettre en place des structures et des capacités de production alimentaire et de médicaments.

C’est dans cette logique que l’opérationnalisation de Africa-CDC est en voie d’achèvement tandis que l’Agence Africaine de Médicaments, AMA, a amorcé la sienne avec déjà le choix de son siège.

En ce qui concerne la nutrition, le thème de l’année et les événements y afférents, dont le dernier a été organisé à Dakar, ont convergé sur la nécessité de réduire notre dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur. Une telle réduction est portée par l’amélioration de la productivité agricole à travers la levée des contraintes mises en exergue dans le rapport biennal de l’évaluation de la Déclaration de Malabo.

Ces différentes actions s’inscrivent dans le processus global de transformation des structures productives sous-tendues par l’industrialisation. La Conférence de l’Union organisée à Niamey au Niger en novembre 2022 a consacré ses travaux aux modalités d’accélération simultanées de l’industrialisation et de la mise en œuvre de la ZLECAf par l’amélioration de la gouvernance économique. A cet effet, les projets d’instruments juridiques sont soumis à votre examen. Ils portent sur la politique de concurrence, le protocole sur l’investissement et celui sur la propriété intellectuelle.

Aussi, le succès reste-t-il tributaire de la poursuite de nos efforts à mobiliser les financements requis par l’exécution de PIDA II, à l’investissement dans la digitalisation et dans l’énergie, à lever les contraintes à la mobilité de personnes et des biens, au renforcement des capacités et des compétences humaines etc.

Voilà les principaux axes à propos desquels des propositions concrètes sont attendues lors des débats sur le thème de cette année portant sur l’accélération de la mise en œuvre de la ZLECAf.

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs,

L’Union africaine, au cours de l’année, a poursuivi, sans relâche ses efforts à faire régner la paix sur le Continent. Elle a largement contribué à la réconciliation et à son effectivité en Éthiopie.

Au Soudan d’où je suis revenu il y a deux jours, nous avons établi le mécanisme tripartite avec l’IGAD et les Nations Unies lequel, en dépit de la force des interférences extérieures dans les affaires de ce pays, a contribué de façon significative au progrès vers un nouvel accord inclusif et consensuel. 

Dans la région des grands lacs, dans l’Est de la RDC notamment, l’Afrique a mis en œuvre deux mécanismes de recherche de la paix et la réconciliation dans cette région en crise récurrente. La médiation engagée par l’Union africaine placée sous le leadership du Président de la République d’Angola S.E. Joâo Manuel Lorenzo continue de fournir, sans relâche, ses efforts au près des Parties concernées.

De son côté, l’ancien Président Kenyan S.E. Uhuru Kenyatta chargé de conduire le processus de Nairobi s’attelle à engager le dialogue entre le Gouvernement de la RDC et les mouvements rebelles qui s’activent dans la zone. Ce processus appelle une mission militaire à l’Est de la RDC dont les premiers éléments sont déjà déployés. Nous avons bon espoir que ce double mécanisme africain parviendra à résoudre cette crise et à démontrer qu’il n’y a de solution aux crises et conflits africains que les solutions pacifiques diligentées par les africains eux-mêmes.

Le Comité de haut niveau sur la Libye présidé par le Président Denis Sassou Nguesso s’est déployé dans un contexte difficile où il n’a pas toujours bénéficié des soutiens attendus de nos partenaires. Avec les frères libyens, le Conseil présidentiel et les autres acteurs civils et militaires, le processus de réconciliation a franchi des étapes non négligeables dans la préparation de la conférence inter libyenne de réconciliation.

C’est le lieu de féliciter notre équipe déployée sur place et d’exprimer nos vifs remerciements aux frères libyens toutes tendances confondues pour les excellents rapports de confiance que notre mission a établi avec eux. Je suis convaincu que la réunion du comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye qui se tiendra ce 17 février donnera une forte impulsion à cette action salutaire en solidarité avec le peuple libyen. 

L’Union africaine a également organisé une session extraordinaire de la Conférence sur la lutte contre le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement à Malabo en Guinée Équatoriale en mai 2022, après la réunion d’Accra tenue en mars 2022 consacrée à la même problématique. Cette prise en compte de la question répond à la résurgence de coups d’État sur le continent, ayant conduit à la suspension de quatre États membres. Bien que suspendus, ces pays frères ont continué de bénéficier de l’assistance de l’Union dans leur période de transition vers le retour à l’ordre constitutionnel.

A l’évidence, nos efforts dans le domaine de la paix et de la sécurité sont très handicapés par la limitation des moyens financiers, comme l’atteste la situation critique de l’ATMIS en Somalie et de toutes nos initiatives de paix, de médiation et de facilitation des solutions dans les pays en crise.

Aux fins de renforcer l’efficacité des opérations de soutien à la paix, une Position africaine commune relative au financement des opérations de soutien à la paix conduites par l’Union africaine a été élaborée. Cette position commune va servir de support solide à notre plaidoirie internationale en faveur de la prise en charge des opérations africaines par les ressources pérennes onusiennes.

Mes récentes visites au Mali, au Burkina Faso et au Soudan me laissent espérer des évolutions encourageantes dans ces trois pays où des changements non constitutionnels ont eu lieu. Ils méritent tous cependant un réel élan de solidarité africaine et internationale. J’espère que votre Conseil fera écho à un tel appel de solidarité.

Dans le cadre de notre approche globale de la sécurité axée sur la sécurité humaine, l’Union africaine a engagé une réflexion institutionnelle sur les urgences humanitaires à travers la session extraordinaire de la Conférence organisée à Malabo en Guinée Équatoriale sanctionnée par une Déclaration. La Conférence des donateurs qui a suivi a permis d’enregistrer des promesses de contributions à hauteur de 174 millions de dollars américains.

Pour mieux encadrer ces contributions annoncées, l’Union devra se donner les moyens d’opérationnaliser la Feuille de route et le Plan d’action (2023-2032) contenus dans la Déclaration de Malabo et d’accélérer le processus de mise en place effective de l’Agence humanitaire africaine dont les statuts sont en voie d’adoption.

Identifiées comme couches vulnérables, les femmes et les jeunes ont bénéficié d’un certain nombre d’initiatives au cours de cette année. Je ne citerai que la plus marquante, l’initiative sur l’inclusion économique et financière des jeunes et des femmes lancée en juillet dernier.

Avec pour objectif d’offrir des financements aux femmes et aux jeunes dans le cadre de l’entreprenariat, cette Initiative a reçu l’adhésion de partenaires qui ont pris des engagements de contribution.

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs,

Depuis le lancement du processus de la réforme institutionnelle, l’Union africaine a résolument embrassé la culture de l’évaluation pour améliorer la conception et la mise en œuvre de ses programmes, projets et décisions.

A ce titre, l’évaluation de la première décennie de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 a été réalisée selon une approche participative. Si l’évaluation a montré que l’Afrique avance, elle a également établi que le chemin à parcourir reste très long et demeure jonché d’obstacles. Au nombre de ceux- ci figurent les contraintes liées à la domestication, à la programmation et aux déficits d’intégration et de solidarité agissante.

Le succès de la mise en œuvre de la deuxième décennie dépendra du niveau de prise en compte de ces différents obstacles, y compris l’efficacité dans la mise en œuvre des décisions des organes délibérants. La retraite conjointe COREP-Commission tenue au mois de décembre dernier à Dakar, a été sanctionnée par les conclusions qui sont soumises à votre examen.

Excellence Madame la présidente, 

Excellences Messieurs les Ministres et chefs de délégations, 

La géopolitique mondiale en tourmente nous impose de réexaminer de façon plus ingénieuse nos partenariats afin de tirer les meilleurs partis de nos potentiels et avantages comparatifs. Un tel exercice aura pour principale finalité d’interroger le contenu spécifique de chaque partenariat en relation avec nos objectifs stratégiques. Aussi, nos partenariats devront-ils opérer comme leviers pour renforcer la position de l’Afrique dans le multilatéralisme de façon à rendre celui-ci plus vertueux, mieux ancré sur les valeurs partagées. C’est le lieu de saluer les avancées enregistrées sur la voie de l’acceptation de l’UA comme membre du G20. Une telle accession viendra élargir le champ de nos plaidoyers en faveur du continent et ouvrira de réelles opportunités pour que l’Afrique apporte sa contribution à la solution des problèmes du monde. 

 

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs,

Dans cette logique de l’évaluation, la Commission de l’Union africaine a renforcé sa gestion axée sur les résultats. Au niveau administratif, elle s’est attelée à opérationnaliser la nouvelle structure départementale de la Commission. Le recrutement du personnel, basé sur des critères de compétence et du respect de la nouvelle formule de quotas, a atteint un taux de 66% au titre de la phase 1 de la période de transition.

Prenant en compte le souci de l’optimisation des ressources financières, le Cadre d’élaboration budgétaire a été aligné sur les dispositions du nouveau règlement financier de l’Union. La Commission a également renforcé en le systématisant le contrôle interne pour s’assurer de la régularité des opérations financières exécutées par les différents organes et agences spécialisées de l’Union.

Il va sans dire que la pratique de l’évaluation reste dépendante de la disponibilité des informations statistiques fiables. A ce titre, l’UA, dans la perspective de l’ancrage des statistiques en Afrique, compte mettre l’accent sur la pleine opérationnalisation du Centre africain de formation statistique (PANSTAT) et l’Institut de statistique de l’Union africaine (STATAFRICA).

Un tel bilan présenté ici fort schématiquement nous donne assurément confiance en nos capacités d’amélioration. Je dois cependant reconnaître que les défis que nous devons relever dans la perspective d’une perpétuelle amélioration demeurent importants Avec vos éclairages, orientations, pertinence de vos décisions, votre continuel soutien et votre indulgence, sans complaisance, nous progresserons beaucoup mieux, avec assurance et foi dans la réussite.

Je souhaite plein succès à vos travaux et vous remercie de votre bienveillante attention

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