Excellence M. Macky Sall, Président de la République du Sénégal et Président en exercice de l’Union Africaine, 

Excellence Madame Helen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Liberia,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Madame Minata Samaté, Commissaire aux Affaires Humanitaires et à la santé de la Commission de l’UA,

Madame Bineta Diop, Envoyée Spéciale du PCUA ,        

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Le Sénégal, pays de la Teranga, confirme une fois de plus sa légendaire réputation d’hospitalité par la qualité de l’accueil qui nous a été réservé depuis notre arrivée à Dakar pour prendre part à la Deuxième Conférence des Hommes de l'Union Africaine sur la Masculinité Positive dans le Leadership pour mettre fin à la Violence contre les Femmes et les Filles.

Recevez Excellence Monsieur le Président et cher frère Macky Sall, ainsi que votre Gouvernement et le peuple du Sénégal, nos sincères remerciements d’avoir bien voulu abriter cette Conférence et de nous donner l’opportunité de discuter d’un sujet déterminant pour la marche et le progrès de notre Continent, progrès social, progrès économique, progrès politique et institutionnel.

Excellences,

  Mesdames et Messieurs,

La situation de la Femme africaine reste encore préoccupante : violences physiques, violences sexuelles et sexistes, violence psychologique, violence exacerbée pendant les conflits et les situations de crise, les préjugées et inégalités persistantes entre les sexes… sont le lot quotidien des femmes africaines, rien le les justifie. Les traditions et les religions sont souvent évoquées pour justifier ces dérives. Ce qui est totalement faux.

Au contraire les unes et les autres ont toujours accordé une grande considération pour les femmes au regard du rôle central qu’elles jouent dans toutes les sociétés africaines. Le projet africaniste moderne, aujourd’hui symbolisé par l’Agenda 2063, les place là où elles devraient être : au cœur de notre être continental. Les femmes sont le pilier de la famille autant que l’indispensable seconde dimension de notre humanité.

Allons au-delà des stéréotypes et posons-nous la question, qu’est ce qui justifierait l’injustice faite à la femme africaine ? Est-ce une mauvaise interprétation des préceptes religieux ou est-ce le sort injuste réservé à la femme africaine aujourd’hui relève-t-il d’une mauvaise interprétation des valeurs traditionnelles et des préceptes religieux ? Où est-il la rançon d’une modernité biaisée et lacunaire ?  En vérité, il y a un peu de tout cela et peut être d’autres considérations inavouées. Celle de la dominance du mal, le mal ne vient-il pas du male ?

La toute première Conférence des Hommes de l’UA sur la Masculinité positive dans le leadership pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles tenue à Kinshasa il y a un an, avait pour but de réparer cette injustice. C’est ainsi que le Président Felix Tishekedi avait été désigné champion de l’UA sur la masculinité positive.

Nous nous retrouvons aujourd’hui à Dakar avec pour "Faire avancer les actions et promouvoir une Masculinité Positive pour mettre fin à la Violence contre les Femmes et les Filles". Cette deuxième conférence ambitionne de faire le point sur les différentes actions entreprises et d’évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre des engagements au titre de l'Appel à l'Action de Kinshasa. C’est à vous chères sœurs de nous faire le point, avons-nous progresser au-delà des slogans ?

Je sais par ailleurs que la campagne des 16 jours d'activisme porte cette année sur le thème suivant : "Unissions-nous ! L'Activisme pour mettre fin à la Violence contre les Femmes et les Filles’’. Ce thème est une invitation à une conjonction des efforts pour réduire significativement le déséquilibre structurel qui caractérise les rapports entre les femmes et les hommes. Seule la lutte libère disaient vos sœurs du Congo, mais la lutte pacifique s’il vous plait. Même si je sais que vous êtes contre la violence.

La Campagne des 16 jours s’ajoute aux actions contenues dans les rapports des Chefs d’État champions sur « Mettre fin au mariage force des enfants » et « L’élimination des mutilations génitales féminines » destinés à renforcer la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles

Je rappelle également que le bureau de l'Envoyée Spéciale de l'UA pour les Femmes, Paix et Sécurité, que dirige avec compétence et dévoiement Mme Bineta Diop, travaille sans relâche pour donner une plus grande résonance à la voix des femmes dans la prévention et le règlement des conflits ainsi que la reconstruction post-conflit.

Mettre définitivement fin aux inégalités, aux préjuges et aux violences faites aux femmes africaines est une fin suprême de notre combat commun, hommes et femmes. Il n’y a point de liberté, ni de prospérité sans l’épanouissement et la pleine jouissance des droits fondamentaux de toutes les femmes africaines. 

  Excellences,

  Mesdames et Messieurs,

Le chemin qu'il nous reste à parcourir dans ce combat pour la justice et l’égalité des femmes est long et semé d’embuches, tant le phénomène semble être ancré dans les mentalités.

La violence contre les femmes reste la violation des droits de l'homme la plus répandue et la plus omniprésente dans le monde. Touchant plus d'une femme sur trois selon les estimations, la statistique de telles violences n'a guère changé au cours de la dernière décennie. La pandémie de COVID-19 a même intensifié les violences faites aux femmes et aux filles et a également exposé et exacerbé de profondes inégalités structurelles, inversant des décennies de progrès. 

Trouver les ressources nécessaires et travailler à l'atténuation de ces impacts négatifs dans la vie quotidienne de chaque femme dans tout foyer, reste l'une des priorités de la Commission de l'Union Africaine.

Les hommes africains et particulièrement les leaders doivent s’investir davantage dans ce combat. Il nous faut aller plus loin, être plus concrets pour protéger les femmes, dénoncer et sanctionner durement les auteurs de violences faites aux femmes.   Il revient aux hommes, principaux auteurs des violences physiques et psychologiques, d’inverser la tendance en combattant en eux même les pulsions qui les poussent à violenter les femmes.

Il revient aux États et aux gouvernements africains d’éradiquer le phénomène par le respect de nos engagements communs, notamment ceux relatifs à la mise en œuvre de la Convention de l'Union Africaine sur l'Élimination de la Violence contre les Femmes, le financement de la Décennie de l'Inclusion Financière et Économique des Femmes et la mise en œuvre de la campagne de l'Union Africaine sur l'Élimination de la Violence contre les Femmes et les Filles.

Je voudrais faire mien l’appel à l’action lancé l’année dernière à Kinshasa par ma sœur Ellen Johnson Sirleaf, ancienne Présidente du Liberia et Présidente d’Honneur du Réseau des Femmes Africaines Leaders dont je salue la présence parmi nous.

Faisons du Sénégal, cette terre africaine d’enracinement africaniste et de modernité résolue, le serment de ne pas lésiner sur les moyens de mettre fin à la violence faite à la femme africaine. Faisons, ici à Dakar, de cette volonté notre hymne et chant d’honneur.

Je vous remercie de votre aimable attention.