Madame Hope Gasatura, Représentante Permanente du Rwanda auprès de l’Union africaine,
Madame la Vice-présidente de la Commission de l’Union africaine,
Monsieur le Vice Premier Ministre et Ministre des Affaires Etrangères de l’Ethiopie,
Mesdames Messieurs les Ambassadeurs et Représentants permanents,
Mesdames Messieurs les Commissaires,
Madame la Représentante Spéciale du Secrétaire général des Nation unies auprès de l’Union africaine,
Mesdames Messieurs,

Le génocide contre les Tustis au Rwanda déclenché le 7 Avril 1994 est sans doute la plus grande tragédie qu’a connue l’Afrique, après celles de la traite négrière et de la colonisation. Plus d’un million de personnes ont été tuées, souvent de la manière la plus atroce, à l’aide de machettes, de haches et de gourdins à clous. Une centaine de jours durant, d’innommables horreurs ont été commises sur des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards et même des nouveau-nés dont le seul crime a été d’appartenir à une Communauté, les Tutsis.

On s’interrogera encore longtemps sur les motivations et ressorts qui ont déclenché cette inimaginable barbarie, survenue au sein d’une population qui partage depuis des siècles la même langue, la même religion et les mêmes collines.
Cette tragédie s’est déroulée presque à huis clos, les grands médias ne lui ayant pas accordé l’importance qu’il faut, ou ne mesurant pas son ampleur, de même qu’elle a bénéficié de l’indifférence coupable de la Communauté internationale et parfois du soutien implicite de certaines puissances. Le récent rapport français sur le génocide vient de lever un coin de voile sur la responsabilité de la communauté internationale et en particulier celle de la France.

L’Union africaine, de concert avec le Gouvernement rwandais, commémorent aujourd’hui, comme ils font depuis 2010, l’anniversaire du génocide. Nous voulons ainsi rappeler aux Africains et au monde qu’un drame sans nom s’est déroulé au Rwanda et qu’il ne doit jamais tomber dans l’oubli. Nous voulons réitérer notre solidarité avec les survivants et les familles des victimes qui sont marqués à vie, dans leur chair et leur âme, par ces évènements. Nous voulons enfin dire à l’humanité que de telles horreurs ne doivent plus se reproduire, ni en Afrique, ni ailleurs dans le monde.

Vingt-sept (27) ans après ce massacre à grande échelle, les Rwandais nous offrent une formidable leçon de dépassement, de réconciliation et d’unité. Ils forcent notre admiration par leur capacité à transcender la haine et l’amertume. Ils méritent notre respect par leur incomparable aptitude à transformer leur indicible douleur en énergie pour construire ensemble un des plus beaux pays du Continent.

En cette douloureuse journée du souvenir, je voudrais rappeler aux Africains que les réflexes ethniques, les divisions communautaires et l’exclusion encore vivaces dans la plupart de nos États, aggravés par une mauvaise gestion de ces phénomènes, peuvent déboucher sur des tragédies dont l’Afrique n’a pas besoin.

Puisse le drame vécu par le Rwanda il y’a 27 ans aider l’Afrique à se prémunir contre la répétition d’un tel phénomène et servir de levain pour construire une Afrique ou la diversité ethnique sera considérée comme une richesse et non plus comme une faiblesse.

Que Dieu bénisse l’Afrique.